Dans sa définition la plus large le stress est l’ensemble des réponses d’un organisme soumis à des pressions ou contraintes de la part de son environnement.
Ce qui amène certains psychologues à le définir comme « une transaction entre la personne et son environnement ».
La genèse du stress
L’intérêt de cette approche est de bien poser les protagonistes, d’une part la personne concernée, d’autre part son environnement, et de bien situer le mode de relation entre les deux : une transaction. Transaction qui n’est rien d’autre que la façon dont la personne va gérer le stress.
Que se passe-t-il quand un état de stress survient ? Dans la plupart des cas peu de choses. Parfois simplement un bref instant où nous avons la sensation d’un risque de perte de contrôle. Si la transaction vire en notre faveur le stress s’éloigne, mais si elle vire en faveur de l’environnement, notre organisme va alors mettre en oeuvre tout un processus en vue de reprendre l’avantage… ou de fuir.
Ci-contre : golfeur manifestement en état de stress.
La réaction en chaîne
La chaîne de réactions débute dans notre cerveau. Cerveau dont la fonction première est de nous protéger, d’assurer notre intégrité. Dans un premier temps il commande aux glandes surrénales de produire de l‘ adrénaline et du cortisol. Deux hormones dont il a besoin pour gérer la situation.
L’adrénaline provoque une accélération du rythme cardiaque, de la respiration, une augmentation de la tension et de la force physique.
Son action dure environ 2 minutes, assez pour réagir avec la force nécessaire ou prendre la fuite devant le danger.
Le cortisol file le plus vite possible vers le cerveau où il active deux zones :
– le cortex cérébral qui va commander à notre corps de produire la réaction qu’il pense la plus adaptée à la situation, allant de l’immobilisation à l’attaque ou la fuite,
– l’hippocampe qu’il charge de calmer le jeu pour protéger un reste de lucidité.
Si le stress est si important que l’hippocampe ne peut plus établir la moindre régulation c’est la panique à bord, la transaction est perdue avec des conséquences qui peuvent être dramatiques allant jusqu’à la perte de contrôle ou même la crise cardiaque.
La description est schématique mais l’important est de comprendre ce qui est en jeu.
Le stress du golfeur
Venons-en au golf. Avouons qu’il ne devrait pas exister de stress aussi violent provoqué par ce paisible jeu ! Et pourtant c’est bien dans ce schéma que se situent le jeter colérique de clubs, le bris de shafts ou le lancer rageur de balles dans l’étang le plus proche…
À ce stade la personne concernée n’a plus d’autre réponse à apporter à l’agression qu’elle subit. Si ce geste lui évite de sombrer dans la confusion et la dépression pourquoi pas ? Mais faut-il en arriver là ?
Le golf est un jeu. Or sa pratique peut conduire certains à se laisser dominer par un stress dévastateur. Ils ont tout simplement céder à une croyance des temps modernes qui voudrait que nous soyons ce que nous faisons. En réalité, nous ne sommes pas notre golf ! Nous sommes bien plus que notre golf !
Hélas une partie de golf nous confronte à quantité de choses qui peuvent venir à bout de notre capacité à encaisser. Tout au long du parcours nous devons gérer trois paramètres :
– le facteur humain : nous, nos partenaires de jeu, et tout un arrière plan relationnel que nous trainons en pensée.
– la charge de travail : pour un joueur moyen, un parcours c’est 100 scènettes complètes à jouer en 4 heures, une toute les 2,5 minutes. Routine, prise d’informations, backswing, downswing, etc. Et en plus il faut garder un oeil sur le jeu des partenaires…
– et l’environnement : le soleil, la pluie, le vent, l’herbe, les trous d’animaux, les zones à pénalité, etc
Si l’un ou l’autre de ces paramètres (ou les trois) nous échappe, prend le pas sur le golf, nous submerge, il faut tout tenter pour reprendre la main.
Que faire quand le stress gagne
Il est important de savoir déceler les manifestations du stress. Fréquemment ce sera simplement une augmentation du rythme cardiaque que rien ne justifie, la respiration qui devient plus profonde, une manifestation cutanée inattendue.
Pour certains ce peut-être aussi une impression de vertige. Parfois le corps somatise et c’est un mal de dos, de ventre, d’épaule, de genoux qui se déclenche…
Autant de choses qui vont nuire gravement à nos possibilités de concentration et de mouvements dont dépendent notre golf et sa régularité. Un putt court pour birdie est une bonne cause de stress !
En général il n’est pas très difficile de détecter les raisons, l’agent du stress. C’est le moment de se souvenir d’Épictète (un Grec qui vécu de 50 à 120-130 de notre ère) qui disait :
« Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses, mais le jugement qu’ils portent sur ces choses ».
Nous n’allons certes pas tout gérer avec cette citation mais au moins nous pouvons relativiser et peut-être essayer de modifier notre jugement et tenter d’avoir un autre regard sur les choses. Inspirons-nous de la technique qui nous aide à passer une zone à pénalité emplie d’eau en regardant au-delà de la marre…
Donnons à notre cerveau des consignes positives. Il ne sait pas exécuter une consigne négative. Et puis au final il n’est pas si grave d’avoir perdu un coup, un trou ou même d’avoir complètement « planté » une partie ! Relativiser, reprendre raison est la clé qui va nous aider à surmonter, parfois rapidement, ce mauvais moment.
Nous allons donc pouvoir mettre en oeuvre des solutions adaptées. Définir une attitude à adopter pour vaincre ce stress sachant que sur le parcours nous aurons beaucoup de mal à contrer les causes externes à la partie : une embrouille avec son conjoint avant de partir, un enfant malade, des soucis de boulot…
Que pouvons nous faire ? C’est quoi reprendre la main en cas de stress golfique ?
Toujours pareil : respiration abdominale, marche en pleine conscience, routine consciencieuse, boire, manger, faire abstraction des partenaires, ou discuter avec eux.
Bref rassembler tous ses moyens pour passer ce cap… Si nous disposons d’une ancre positive, une ancre de vainqueur posée après un putt long réussi, c’est le moment de la rappeler. C’est redoutablement efficace !
Et si rien n’y fait, nous pouvons relever notre balle et nous donner le temps de reprendre le contrôle pour le trou suivant. Et puis au final, ce n’est certes pas élégant, mais nous pouvons quitter la partie.
C’est toujours mieux qu’une séance de « bourre-pif » au coin d’un green avec un papy qui a juré de nous apprendre à jouer alors qu’il rate 80 % de ses coups !
Et que penser du stress positif ?
Dans ce cas on ne peut plus parler de stress. Si ce n’est sa fonction première d’aide à la préservation de notre intégrité physique, le stress n’a rien de positif. Il peut même être source de nombreuses pathologies ou plus simplement de parties de golf gâchées.
Ce que l’on nomme bon stress et qui nous plonge dans un état affuté, qui stimule nos performances, aiguise notre attention, est un état de conscience aiguisée. Nous le connaissons bien, nous le ressentons ces jours où tout nous réussi.
Il n’y a pas production d’adrénaline mais de noradrénaline, une hormone aussi sécrétée par les glandes surrénales mais dont les effets ne sont pas déstabilisants.
Pour en savoir plus sur le stress consultez le site du Centre d’Etudes sur le Stress Humain. Et si vraiment vous voulez tout savoir (ou presque) sur les mécanismes neurobiologiques engendrés par le stress lisez cet article (en français) de Marie-Pierre Moisan de l’INRAE Bordeaux et Michel Le Moal de l’INSERM “Le stress dans tous ses états“. |