Vers le 14 ou 15e trou, soudain une petite voix au fond de vous murmure : « vivement que cette partie se termine ! » Je suis certain que ça vous est arrivé ?
Coup de fatigue ? Oui mais plus certainement fatigue émotionnelle. Les émotions vous submergent !
Les émotions ont leur utilité
Nos émotions et les réactions qu’elles entraînent permettent de nous adapter aux diverses situations que nous devons affronter. Il faut les voir comme un système de pilotage qui va nous permettre de naviguer parmi les écueils de la vie, et d’y faire face. Mais il faut savoir qu’au fond de nous, le but de notre vie est la satisfaction de nos besoins. Nous nous retrouvons donc particulièrement fragiles face à tout ce qui pourrait nous empêcher d’atteindre cette satisfaction.
Sur un parcours de golf la satisfaction de nos besoins passe par un bon score. Et comme dans la vie quotidienne, tout ce qui va nous empêcher d’atteindre ce but, comme tout ce qui va y concourir au delà de nos espérances, déclenche son lot d’émotions.
Ces émotions nous renseignent sur les obstacles ou les faciliteurs que nous rencontrons. En fait le ressenti de ces émotions se manifeste dans la façon dont nous les acceptons et les évacuons.
Pour qualifier l’impact de nos émotions et la façon dont nous les encaissons, les psychologues ont établi une gradation allant de la simple contrariété au marasme en passant par les troubles psycho-somatiques.
L’apport des neurosciences
Les neurosciences apportent un nouvel éclairage dans le processus de la réponse émotionnelle. Publiée en avril 2017, une étude menée à l’Institut du cerveau et de la moelle épinière à Paris montre que les phases de déclenchement et de compensation des émotions au cours du temps sont associées à des régions distinctes du cerveau.
Ce qui se passe lors du déclenchement de l’émotion est lié à une activité dans le cortex préfrontal médian (derrière le front), région supposée être impliquée dans la perception que l’on a de soi-même. La phase de compensation est pour sa part liée à l’activation de la partie postérieure de l’insula (au centre du cerveau), une région connue pour jouer un rôle clé dans l’intégration des signaux émotionnels. Tout semble indiquer que notre cerveau réagit à un conflit entre la perception que nous avons de nous même et l’image que nous pensons en donner, ou que les autres nous retournent. Puis il met en place un processus de « digestion » de l’émotion.
Pour l’instant cette étude n’a aucun débouché pratique. Elle nous renseigne simplement sur ce qui se passe dans notre cerveau en replaçant dans le temps la façon dont nous répondons à une émotion. La réponse pouvant conduire vers une intensification ou une atténuation des effets de l’émotion.
Apprenons à analyser nos émotions
Sans imaginer que les émotions ressenties sur un parcours de golf puissent nous conduire jusqu’au marasme il est évident que certains jours, l’accumulation des obstacles, des échecs et des émotions liées risque fort de produire du stress et au final une fatigue qui va entraîner notre golf vers un moins bien très sensible.
Les émotions sont multiples. Au golf nous pouvons nous sentir furieux, calmes, frustrés, euphoriques, bloqués, confus, heureux. La palette est large !
Bien sûr les émotions positives vont nous remonter un peu, mais allez savoir pourquoi les négatives risquent fort de prendre le dessus ?
Le site « Apprendre à éduquer » propose une roue des émotions. Elle est destinée à aider ceux qui sont au contact d’enfants mais elle peut aussi être utile aux adultes que nous voulons être.
Six émotions ont été retenues. Explorons le secteur de la colère. Plusieurs causes sont proposées pour cette émotion : frustration, injustice, impuissance, irrespect pour l’intégrité.
Les sensations constatées étant une respiration rapide, des yeux froncés, des mâchoires serrées, des contractions, une sensation de chaleur.
Les besoins immédiats qui peuvent faire « passer » la colère étant l’écoute, la compréhension, le changement, la réparation, la décharge d’énergie. Besoins qui se manifestent par crier, respirer, parler, courir, malaxer, faire une pause.
Allez, qui ne se retrouve pas là après avoir « foiré » un putt immanquable ? Les explications rationnelles que nous verbalisons, le put que nous rejouons, le putter que certains jettent ! Tout y est !
D’autres émotions du tour de roue comme la tristesse ont pour remède un bon câlin. Je vous rappelle que cette « roue des émotions » concerne les enfants mais sur le parcours, pour le câlin, « c’est vous qui voyez » !
Gérer nos émotions pour scorer
Avant de nous laisser submerger par nos émotions, tout en assistant à la dégradation de notre jeu, nous disposons de quelques mesures préventives et curatives que nous connaissons bien :
– Pratiquer quelques respirations abdominales.
– Pratiquer la marche en pleine conscience.
– Nous concentrer sur notre routine. Nous sommes dans notre cocon à l’intérieur de notre routine
– Rester dans notre stratégie.
Normalement ces précautions devraient nous permettre de gérer les émotions que nous rencontrons sur le parcours. Elles peuvent nous éviter le pire de nos ennemis : le stress et son flot d’ adrénaline.
Pas question cependant de vouloir supprimer ni même maîtriser nos émotions, elles sont la vie. Nous avons besoin d’elles dans nos relations avec les autres et avec nous mêmes. Laissons vivre nos émotions, laissons la vie s’épanouir, il suffit juste de savoir gérer.
Et soyons attentifs à nos camarades de jeu. Un ami qui déjoue est un ami en souffrance. Ne le laissons pas seul « dans son jus », parlons lui, ça peut au moins l’aider à relativiser. Après tout ce n’est que du golf !