Cet article concernant les profils biomécaniques fait partie d’un ensemble de 2 textes qui se proposent d’aborder le cadre d’une pédagogie moderne du golf. L’autre article concerne les profils de personnalité.
Sport et biomécanique
La prise en compte de la biomécanique permet de tenir compte des préférences motrices d’un individu. Pour un golfeur, elle ne dispense pas d’apprendre les fondamentaux du golf. Elle permet simplement de le faire en respectant le corps du joueur.
On peut définir la biomécanique de plusieurs façons. Retenons-en deux qui paraissent suffisamment éclairantes :
• La biomécanique est l’application des lois de la mécanique aux phénomènes vitaux. (CNRTL)
• La biomécanique est une science interdisciplinaire qui étudie les concepts de la mécanique appliqués aux sciences du vivant. Elle évolue à la frontière entre la biologie et la mécanique en s’appropriant les connaissances d’un grand nombre d’autres disciplines scientifiques.
La biomécanique du sport a pour but d’étudier principalement le mouvement du corps humain et son interaction avec le milieu dans lequel il évolue. (Sciences du sport)
Sans entrer dans des considérations complexes nous pouvons dire que schématiquement le corps humain est composé de segments reliés entre eux par des articulations.
De même il n’est pas très risqué d’affirmer que tous les individus sont différents et ne disposent pas des mêmes capacités physiques.
Ne pas tenir compte de ces différences et obliger quelqu’un à vouloir entrer dans un moule standardisé, expose à de graves déboires.
Par exemple :
- Impossibilité de produire un geste mécaniquement et nécessité de mobiliser consciemment des ressources cérébrales pour l’exécuter.
- Risque de blessures physiques plus ou moins graves aux genoux, aux épaules ou à la colonne vertébrale.
Au golf, pour un swing efficace exécuté en toute sécurité pour l’intégrité physique du joueur, il faut permettre au corps de fonctionner naturellement, sans contrainte. Ainsi les bons muscles vont travailler et le centre de gravité va se positionner correctement pour préserver l’équilibre de l’ensemble joueur-club.
Les mouvements seront fluides, puissants et coordonnés sans qu’il soit besoin de faire appel au mode de fonctionnement conscient du cerveau.
Et comme nous ne sommes pas tous semblables, il faut savoir ce que nous pouvons demander à notre corps pour swinguer avec efficacité en sécurité.
Il semble donc impossible de vouloir enseigner un geste sportif sans prendre en compte les aptitudes et particularismes de chacun. Ces particularismes portent le nom de préférences motrices.
Les préférences motrices
Je vous propose un exemple emprunté au foot pour découvrir le concept de préférences motrices. (durée 5 min 17)
Les tests d’identification
Dans la vidéo ci-dessous Matthieu Toulza, posturologue du sport met en scène quelques exercices pour déterminer le profil biomécanique d’une personne. (durée 4 min 31)
Ainsi, pour caractériser les préférences motrices d’un individu les coaches utilisent une batterie de tests pour déterminer :
- Son style de marche : terrien ou aérien (ancré ou léger)
- Son point mobile : associé ou dissocié (bas ou haut)
- Son style : vertical ou horizontal
- Son œil directeur ou moteur : droit ou gauche
Cette liste n’est pas exhaustive, certains pros proposent d’autres tests, ou les nomment différemment.
L’identification des préférences motrices d’un individu aboutit à déterminer un profil qui peut porter des noms divers : profil de coordination, profil de personnalité , profil de coordination innée, profil biomécanique.
Tous les praticiens ne procèdent pas exactement de manière identique, même si les tests se ressemblent fortement d’une école à l’autre.
Dans le monde du golf la percée se fait progressivement. Les pros sont de plus en plus nombreux à faire appel aux profils biomécaniques pour enseigner leurs élèves dans le plus grand respect de leur possibilités physiques.
VOICI UN EXEMPLE DE PROFIL BIOMÉCANIQUE |
[Ancré – Associé – Horizontal – Œil moteur gauche] |
Ce qui signifie : * que le joueur doit prendre une posture plutôt sur les talons ->ancré ; * qu’il doit démarrer son swing en tournant d’abord les hanches ->associé ; * que son swing doit se faire sur un seul plan ->horizontal; * qu’il perçoit préférentiellement son environnement de manière globale ->œil moteur gauche. |
Mais il y a débat
Plus exactement il y a des débats ! Mais ils ne se situent pas au niveau d’une « petite guerre » entre anciens et modernes.
Les débats se situent à un tout autre niveau : l’éthique.
Ils se déploient autour de trois axes :
- Peut-on utiliser « inné » pour qualifier les profils ou la coordination ?
- Ces profils sont-ils fixés pour toute une vie ?
- Faut-il croiser profils psychologiques et profils biomécaniques
Les deux premières questions n’en constituent en fait qu’une seule.
Notons tout d’abord que c’est la coordination qui est innée pas le profil. Une coordination innée est gravée pour toujours. La marche par exemple fait appel à une coordination innée. En « apprenant » à marcher nous avons appris à coordonner plusieurs muscles pour vaincre la gravité et fixer notre équilibre.
Nous sommes devenus des experts en gravité ! Et personne ne nous a expliqué comment faire !
Nous sommes face à l’éternelle discussion qui veut mesurer les apports et les effets de l’inné et de l’acquis en les opposant. Difficile de savoir ce qui est inné et ce qui est acquis dans nos préférences motrices ?
Mais il semble bien qu’elles sont inscrites en nous profondément. L’acquis ne va pas les changer mais il peut les heurter et les empêcher de s’exprimer librement.
Difficile aussi d’affirmer qu’elles sont immuables tout au long d’une vie. Il faut certainement être pragmatique et vérifier de temps en temps ?
Mais d’expérience on peut affirmer que le non-respect des profils biomécaniques est fortement susceptible d’empêcher un sportif de progresser.
Faut-il croiser profils psychologiques et préférences motrices pour établir des profils de coordination ?
On ne peut répondre à cette question sans évaluer notre degré d’adhésion au concept de déterminisme.
Pensons-nous que nous sommes déterminés, placés sur des rails à tout jamais ?
Ou pensons-nous que nous disposons de notre libre arbitre et que nous sommes maîtres de notre vie ?
Il semble bien que l’homme évolue sans cesse entre déterminisme et libre arbitre qui se repoussent, s’attirent et se complètent. Peut-être sommes-nous plus complexes que ne l’imaginent ceux qui veulent nous faire entrer dans des cases trop étroites ?
Notre golf est-il déterminé ? Oui ! Le golf n’est qu’un reflet de notre vie : ce n’est pas le golf qui façonne notre vie, mais l’inverse. Donc tout ce que nous sommes se retrouve dans notre golf, comme dans toutes nos activités !
La décision devient soudain bien grave pour un coup de golf ! Certes mais même pour un coup de golf il n’est pas interdit de prendre un peu de hauteur pour réfléchir… et reprendre contact avec la dure réalité du parcours.
Vers un enseignement novateur du golf
Si nous déterminons notre golf, il est vraisemblable que nos profils psychologiques et biomécaniques y sont pour quelque chose. Il n’est donc pas aberrant que nombre de pros proposant des approches pédagogiques différentes se retrouvent dans la prise en compte de ces profils.
Toutefois attention, ces profils ne sont que des outils. Ce ne sont pas des faiseurs de miracles. Ils ne sont pas destinés à être enseignés dans un cours de golf : il ne faut pas confondre l’outil et l’œuvre !
Ces profils permettent aux pros de structurer leur enseignement, de donner une orientation consistante à leur cours. Ils sont aujourd’hui à l’origine de méthodes qui incontestablement obtiennent des résultats rapides et solides.
Au cas où la biomécanique vous intéresserait au delà de cet article, le blog de Aaron Swanson docteur en thérapie physique à Asheville, Caroline du Nord, peut vous être utile. C’est en anglais, mais tous nos navigateurs sont maintenant dotés d’un traducteur instantané.