Le concept de zone de réflexion et de zone d’action n’est pas nouveau mais il reste très utile. Il offre un cadre strict où le joueur va pouvoir dérouler sa routine.
Il intervient à la fois comme une aide à la décision et comme un facilitateur d’action.
Travaux pratiques
Sur une aire de départ posons une balle sur un tee. Deux clubs suffiront pour compléter notre environnement.
Un mètre derrière la balle, avec les deux clubs matérialisons une ligne perpendiculaire à la ligne de jeu (voir l’image ci-dessous).
Nous venons de tracer la ligne de décision. Derrière se situe la zone de réflexion, devant la zone d’action.
Franchir la ligne signifie que notre décision est prise. Prêt pour un coup de golf dans les meilleures conditions possibles.
Le dispositif pratique ne saurait être plus simple. Par contre tout ce qui se passe dans l’une et l’autre zone est plus complexe.
C’est dans cet espace restreint que nous allons solliciter les ressources de notre cerveau.
Le cerveau à la manœuvre
Un jour ou l’autre nous avons tous entendu dire qu’en zone de réflexion notre cerveau gauche prenait le pouvoir. À lui le boulot intellectuel, les analyses, les calculs, le raisonnement dans le dur, l’évaluation des distances…
Alors qu’en zone d’action le cerveau droit siège de l’instinct, des sensations, des images, de la sensibilité s’emparait des commandes.
Cette division du travail entre les hémisphères cérébraux est d’un autre temps, révolue, ringarde ! Dans les vingt dernières années les neurosciences, grâce notamment à l’imagerie fonctionnelle du cerveau, ont mis à bas cette croyance.
À peu près toutes les fonctions effectuées par le cerveau mobilisent des ressources dans les deux hémisphères.
En l’état actuel des connaissances il est plus juste de dire que notre cerveau fonctionne selon deux modes. L’un conscient, avec lequel nous discutons, qui réfléchit, prend des infos… l’autre inconscient qui passe à l’action quand le mode conscient lui a transmis toutes les données nécessaires.
Pour nous golfeurs il est utile de savoir qu’en zone de réflexion nous mobilisons le mode conscient de notre cerveau, alors qu’en zone d’action nous devons passer en mode inconscient.
Autrement dit : tout ce qui est utile pour notre coup de golf doit être recueilli en zone de réflexion. Après, en zone d’action, il faut lâcher prise, laisser le cerveau travailler sans chercher à le contrôler.
Percy Boomer qui était professeur au Golf de Saint-Cloud (92) dans les années 1930- 1940 écrivait en s’appuyant sur sa seule expérience empirique : « un golf régulier dépend de notre capacité à interdire l’accès de notre machinerie mentale à la part de nous-même qui joue les coups de golf » (On Learning golf).
Il ne faut jamais perdre de vue que le cerveau dont nous sommes tous équipés est le même que celui de nos lointains ancêtres de la préhistoire. Il ne nous accompagne plus au quotidien pour des activités de vie en milieu difficile voire hostile, mais il sait toujours le faire. Sa fonction première reste d’assurer notre intégrité physique. Pour ça, il sait analyser une situation, il sait prévoir, il sait mémoriser, il sait apprendre, il sait reproduire, il sait évaluer une distance, il sait avoir peur… Il sait même bâtir des hypothèses et éveiller des sensations.
Nous ne sommes plus chasseurs-cueilleurs. Au golf nous ne chassons pas, cueillons peu et ne craignons pas trop les prédateurs, nous pouvons alors utiliser ce magnifique appareillage pour… jouer !
En zone de réflexion
En zone de réflexion nous allons recueillir toutes les données dont nous avons besoin pour notre coup de golf. Sans nous poser la questions de savoir si c’est de l’analyse ou du sensible.
Le lie de la balle, la topologie du terrain, les conditions météo, notre cible et sa pertinence par rapport au coup d’après, la distance qu’il conviendra de parcourir, le coup que nous voulons jouer, l’endroit où la balle devra toucher le sol, la visualisation du vol de la balle et son chemin de roulement, le club qui va permettre d’assurer ce coup…
© Armando Veve Studio
Université Paris Cité
Ce club je le prends, le ressens dans mes mains, mes bras, mes poignets, mes épaules. Je fais un coup d’essai, deux coups d’essai si nécessaire.
Est-ce que je visualise bien mon coup. Je prend mon alignement en choisissant un point de repère devant ma balle en direction de mon focus : une herbe, une brindille…
Il ne manque plus rien ? Ma décision est prise. Alors je franchis la ligne de décision.
En zone d’action
D’abord un dernier coup d’essai complet, 20 cm en retrait de la balle. Je pose la tête de club comme si elle était derrière la balle, grip devant mon sternum, alignement en fonction du coup que j’ai décidé de jouer, où est mon focus ? Posture.
Coup d’essai jusqu’au finish. Il est bon ? Oui ! J’ai 15 secondes pour que la sensation de ce bon coup d’essai reste en mémoire.
J’avance à petits pas vers la balle, mon club est en place. je vérifie :
– orientation de la face de club en fonction du repère que j’ai précédemment choisi,
– posture, alignement de mon corps, grip,
– un dernier coup d’œil à mon focus pour l’imprimer dans ma mémoire de travail, pour donner une dernière indication de distance à mon cerveau…
Est-ce que je ressemble à un golfeur ?
SWING en rythme ! La balle ? Et bien elle est là bas, sur ma cible…